Quel lien la créativité peut-elle avoir avec le soin ?
Comment relier l’artistique et le thérapeutique, c’est l’idée même de notre projet !
« Soigner », au sens large du terme, signifie redonner du mouvement, de l‘ampleur, de la confiance, de l’ouverture sur le monde, de la musique, des couleurs.
Depuis bien longtemps, Winnicott nous disait déjà que l’un des repères majeurs de la bonne santé psychique d’un enfant est sa capacité à jouer (« Jeu et réalité »), le jeu étant « le seul lieu où nous vivons », où nous sommes pleinement vivant et pleinement nous-mêmes. La créativité chez l’adulte en est le prolongement par la mise en œuvre de la dimension symbolique et imaginaire, qui donne naissance à l’art.
Le traumatisme fige, gèle les émotions, les ressentis ; il sidère la pensée, délie les liens et isole des autres ; c’est un moment où tout bascule, la foudre qui détruit tout intérieurement. Ce vécu, un éprouvé qui ne peut encore se dire, enferme, paralyse l’énergie vitale. A un stade ultérieur, la souffrance qui s’ensuit (souvent celle de la dépression post-traumatique), « fane » la vie intérieure, comme si ses couleurs, son goût, son amplitude, son dynamisme étaient en panne.
L’élaboration de la souffrance psychique est bien souvent proposée, conventionnellement, par le biais de dispositifs thérapeutiques faisant appel à la parole, à l’association de la pensée, à la mentalisation de ces vécus.
Or le propre du traumatisme, en un premier temps tout du moins, est d’être impensable, innommable, hors du champ de la représentation et du langage. Les victimes d’attentats, de catastrophes naturelles, d’accidents graves de la vie nous témoignent de cette impossibilité à mettre en mots ces éprouvés, à les relier à soi-même et à l’autre.
C’est pourquoi il nous semble très précieux de proposer d’autres voies (et d’autres voix) possibles, pour que ces vécus douloureux liées à une naissance prématurée, à la séparation de l’enfant, parfois à son deuil, puissent peu à peu se traverser, se transformer, se partager…
A l’image des rivières sous terraines invisibles et souvent méconnues de soi-même, la musique, la danse, la matière, le mouvement… sont autant d’expériences (sensorielles, corporelles, sensibles, émotionnelles) qui permettent de se relier à soi-même, et à l’autre, afin que soit irriguée à nouveau la vie intérieure par le fil de la vie.